GEN PAUL (1895-1975)
Le peintre GEN-PAUL, pseudonyme de Paul Eugène est né le 2 juillet 1895 à Paris et mort le 30 avril 1975 à Paris.
Peintre de compositions animées, sujets de sport, figures, nus, portraits, intérieurs, paysages, paysages urbains, fleurs, peintre à la gouache, aquarelliste, graveur, dessinateur, illustrateur. Expressionniste.
De la vie de Gen-Paul, la rumeur ne met en relief que quelques traits : la Butte, la rue, le mutilé de guerre, l'anar, l'ami de Céline... Toutes affirmations justes, mais pourtant expéditives.
Il est né rue Lepic, au cœur du folklore montmartrois. Sa mère était brodeuse, son père musicien de cabaret. Tout de suite après son certificat d'études, Gen-Paul commença à gagner sa vie. Mais c'est cependant très tôt qu'il s'essaya à la peinture, comme si celle-ci avait connu en lui une germination spontanée. Pierre Davaine, dans un livre qu'il consacre à lœuvre du peintre, écrit très justement : « Gen-Paul, avec une extraordinaire intelligence, a su tirer parti de tout. Apprenti tapissier, il profitait de ses visites dans les appartements luxueux où on l'envoyait travailler, pour découvrir les collections particulières des amateurs. L'anatomie, il l'a aussi apprise en se liant d'amitié avec des médecins et en les suivant jusque dans la salle d'opération.
Quant aux Beaux-Arts, il y est passé à sa façon: dans les ateliers ou dans les fêtes de l'École, il a connu des architectes, les a écoutés, les a regardés et a profité de leurs leçons comme aucun étudiant régulièrement inscrit.
Les boites de cigares trouvées dans les bureaux de tabac furent ses premiers supports, et les hors-texte en couleur d'un numéro de L'Illustration ses premiers modèles. C'était en 1913. L'année suivante, à la déclaration de guerre, il devance l'appel et s'engage. Première blessure. En 1915, une deuxième blessure nécessite l'amputation de sa jambe droite. Réformé, puis démobilisé, il revient à Paris en 1916 et commence à peindre.
De 1916 date sa première peinture à l'huile, un Moulin de la Galette vu de sa fenêtre. Les débuts sont incertains, il fait surtout des vues de Paris, puis, pour satisfaire une commande, des « à la manière de ». Il peint néanmoins aussi pour lui et signe, en 1918, sa première toile Gen-Paul.
En 1920, il expose au Salon d'Automne et restera relativement fidèle aux Salons d'Automne et des Artistes Indépendants. Il a participé à des expositions collectives à Londres, Anvers, etc.
Sa première exposition personnelle a lieu Galerie Bing en 1926. Il expose peu, n'a pas vraiment de marchand, mais voyage beaucoup, en France, puis en Espagne.
En 1952, a lieu une exposition rétrospective de l'ensemble de son oeuvre à la galerie Drouant-David de Paris.
Pour lui, un peintre, seul, est au-dessus de tous les autres: Goya. L'avoir découvert a, dit-il, bouleversé sa vie. Il part pour New York en passager clandestin. De ses voyages, il rapporte des croquis dont il se sert ensuite à l'atelier. Un tableau est annoncé par des dizaines de dessins. Avec acharnement, surmontant la douleur de ses blessures de guerre, assis sur son lit, il multiplie les croquis. Il remet en chantier ce qui, une heure plus tôt, l'avait satisfait. Ses blessures le font souffrir, et, peu à peu, il s'adonne à l'alcool, qui lui fait oublier ses tourments, mais le conduira à l'effondrement quand, lors d'un séjour à Madrid, en 1929, il est atteint d'une crise de delirium.
De retour à Paris, en 1930, affaibli par la maladie, il perd une grande partie de ses moyens. Convalescent, il recommence peu à peu à travailler, faisant la connaissance de nombreux artistes et écrivains: Francis Carco, Marcel Aymé, Fernand Ledoux, et Louis-Ferdinand Céline, dont il devint l'ami (amitié qui lui vaudra quelque réprobation), et de qui il illustre plusieurs ouvrages: en 1942 Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit.
Il a aussi produit des gravures, dont un recueil Les vues de Montmartre.
A la fin de la Seconde Guerre, il s'embarque pour les États-Unis et fera, par la suite, de fréquents séjours à New York.
En 1952, enfin sorti d'un long purgatoire, le succès le touche à l'occasion de l'exposition à la galerie Drouant-David.
« Il y a chez Gen-Paul une passion d'observer, passion est le mot juste : le visible l'arraisonne, il en est l'esclave. Lorsqu'il redevient le maître, maître des formes qu'il fait surgir, il utilise cette sensibilité exceptionnelle, la travaille, la refond. C'est dans des trésors d'observation qu'il a toujours puisé la facilité. Ses instantanés, ses esquisses au trait véloce et drôle, ses admirables études, tout à la fois révèlent son enthousiasme pour la vie dans ses manifestations les plus humbles et les plus inattendues, et témoignent d'une éducation obstinée de la vision. Le rythme fondamental de Gen-Paul, c'est l'impulsion. Le geste fuse. Lorsqu'il a, d'un tracé impeccable de lignes strictes, posé des repères qu'il sait seul déchiffrer, réparti quelques volumes, il prend sa palette et étale au pinceau des larges hachures vibrantes. Successives explosions de gestes: la couleur tombe, ses zigzags s'enchevêtrent, labyrinthe d'éclairs. Il y a des peintres qui figent une impression fugitive, Gen-Paul, lui, capture non pas un instant, mais plusieurs, et les fait jouer les uns avec les autres. Son thème privilégié, c'est le mouvement, d'où la fréquence dans l'ensemble de sa production des courses de chevaux, courses cyclistes, musiciens en action, animation de la foule dans les rues de Paris. L'art de Gen-Paul n'a rien de pacifique. Il n'est pas de ceux qui bénissent l'existence. Même lorsqu'il peint une jeune femme au repos, un vase de fleurs, il disloque les contours, fracture, torture les formes. Le feu qui brûle dans ses tableaux, loin d'anéantir le visible, le porte à l'incandescence. » Dr. Jean Miller
BIBLIOGRAPHIE.: In: Les Muses, Grange Batelière, Paris, 1972-Catalogue de l'exposition Gen Pau~ «Le Centenaire», Musée de Montmartre, Paris, 1995.
MUSÉES: BERNE (Kunstmuseum)-GENÈVE (Mus. du Petit Palais) GRANVILLE-MENTON - PARIS (Mus. Nat. D'Art Moderne)